Les différentes minorités linguistiques
Ce qu’on appelle les minorités linguistiques peuvent être répertoriés dans plusieurs catégories :
Ces personnes ne sont pas seulement minoritaires en nombre de locuteurs, elles sont également minoritaires en termes de droit d’expression de leur langue puisque leurs langues ne sont, dans la majorité des cas, pas reconnues officiellement et sont parfois même encore considérées comme illégales ou non-constitutionnelles.
Les enfants des minorités linguistiques n’ont souvent pas reçu la langue ou partiellement. Ils peuvent également ignorer ou renier qu’une autre langue à été parlé dans leurs familles, ou à l’inverse parler la langue d’héritage à la place de leurs parents de leur volonté propre ou de la volonté de leurs parents.
La persécution linguistique
La plupart des minorités linguistiques ont vécu dans la Persécution Linguistique.
On appelle “Glottophobie” la discrimination linguistique liée à l’accent, les expressions, les attitudes. C’est une façon de nommer le processus qui stigmatise ou exclut une personne pour des raisons linguistiques.
La Persécution Linguistique a été largement documentée et recensée notamment par :
La persécution linguistique génère une émotion délétère : la honte. De soi, de son origine, de sa culture, de son identité, des autres et de sa famille qui ne devrait pas parler cette langue interdite, honteuse, sale. Des générations entières (à compter en millions), sont concernées par ce sujet. La persécution linguistique n’est pas un petit sujet : le monde d’aujourd’hui est construit sur la persécution linguistique, nous en sommes les héritiers, les descendants. C’est un scandale gigantesque qui entremêle colonisation, maltraitance infantile, uniformisation, assimilation forcée, abus, ethno-génocide, etc… Très peu d’Etats ont formulé des excuses officielles pour les dommages causés à ces populations.
On appelle “locuteurs silencieux” (Selon le terme Silent Speakers utilisé par FPCC) des personnes qui ont décidé consciemment ou inconsciemment de ne plus parler la langue comme conséquence du traumatisme.
Au Canada, le First People’s Cultural Council (FPCC) a développé un programme spécifique pour aider les « Locuteurs Silencieux » a reparler tout en douceur en écoutant la honte, programme initié par le peuple Sámi en Scandinavie.
L’équipe créatrice des Cercles de Réparation Linguistique est en contact direct avec les personnes charge de ce programme au FPCC.
L’insécurité linguistique
Le dénominateur commun dans l’histoire des minorités linguistiques est l’insécurité linguistique. Ce concept provient de la sociolinguistique et s’emploie pour parler d’émotions (honte, angoisse, dévalorisation) qu’un locuteur peut ressentir concernant l’usage d’une langue.
L’Insécurité Linguistique naît directement du contexte social de minorité, par l’isolement que crée la langue non reconnue dans un contexte de langue dominante. Parce que ma langue n’est pas officielle, qu’elle n’est pas bienvenue, n’est pas reconnue, n’est pas valorisée, que mon bilinguisme ou mon accent est stigmatisé, je ressens de l’insécurité.
Pour certains, il faut parfois plusieurs années pour se remettre d’un traumatisme lié à la coupure de langue, pour d’autres, cela peut être toute une vie. Jean-Jacques Kress et Pierre Boquel comme tant d’autres, démontrent aujourd’hui que les traumas linguistiques peuvent même se répercuter sur plusieurs générations. Est-ce un hasard que dans ma famille plusieurs personnes soient orthophonistes ? Que d’autres aient souffert de problèmes précoces de bégaiement ? La science démontre aujourd’hui que cela pourrait être dû en partie à une rupture linguistique traumatique.
Les Cercles de Réparation Linguistique sont une proposition pour sortir des dynamiques binaires de pouvoir afin de remettre de la sécurité linguistique dans l’apprentissage ou l’utilisation d’une langue par un locuteur dans ses relations de tous les jours, que ce soit dans un contexte bilingue passé, présent ou futur.
Comme le disait Anjela Duval, la langue est la clé d’or : c’est la porte de la culture, de l’identité, de notre construction psychique (et même physique), c’est une porte ouverte vers le monde, vers les autres, vers nos ancêtres et vers la Terre.
Une seule règle pour tous : chacun a le droit de parler la ou les langue(s) présente(s) dans notre cœur.